Je n’ai eu aucun mal à venir à bout du pavé qui a eu le prix Goncourt 2013, mais je connais quelques amis qui ont renoncé. Il est vrai que l’on chemine à pas lourds dans ce récit que l’on croirait écrit dans la première moitié du vingtième siècle, dans ses sagas bourgeoises qui firent les délices de ces bourgeoises romanesques qui attendaient la suite avec une impatience délicieuse. Ces romans solides qui semblaient avoir été écrits à la hache, sans aucun flamboiement, sans aucun embrasement, sans aucune étincelle. Je serais cruel si je dénuais à Pierre Lemaitre et à son roman « Au revoir là haut » un talent certain dans l’art de tisser une intrigue et d’entretenir le suspense mais avec une matière abondante il a nous a offert une boisson sans saveur que seule la curiosité nous a fait avaler jusqu’au bout. Les jurés du prix Goncourt sont sans doute des hommes dont la valeur littéraire ne peut être infirmée mais on se met à imaginer ce qu’aurait fait un Céline d’une telle matière. Tout y était pourtant : la traitrise, la veulerie, la cupidité, l’avidité, l’esprit criminel, la guerre et ses opportunistes, les âmes vaillantes, les gueules cassées, la vie dans les tranchées et la recherche de la gloire aux dépens de la vie des autres ! Matière dont on a fait un marigot littéraire et une histoire de feuilletoniste. Si je vous dis que cette lecture m’a beaucoup déçu, vous ne serez pas très étonnés. Mais mes goûts me sont très personnels surtout en matière de cocktail littéraire. Un de mes vieux professeurs de lettres disait toujours que la littérature avait besoin de noblesse, hélas ce livre en manque beaucoup !
Ce fut la seule fausse note de mon séjour en Corrèze, car cette région est une des plus belles de la France intérieure, de cette France paysanne, qui dégage à tout moment une sensation de solidité, de vitalité et de bonne humeur. Les relations humaines sont authentiques, rudes du premier abord mais tout de suite confiantes dès que l’on se connait quelque peu ! Les marchés sont jouissifs pour les yeux, pour le nez, et pour les oreilles. Les conversations ne manquent pas d’humour et l’achalandage est abondant. On n’y trouve aucune réticence à vous parler des produits, de leur provenance, du mode d’élevage et de culture, une conversation qui plonge dans les racines de cette mentalité forgée au fil du temps par des hommes de trempe qui n’ont aucune raison de vous tromper. Les restaurants sont fort nombreux et toujours pleins et les produits d’une grande fraicheur quel que soit le restaurant choisi ! Il y a même quelques grandes tables où la finesse, la créativité et les produits mériteraient quelque étoile pour des prix défiant toute concurrence !
Les alentours méritent qu’on s’y attarde tant les jolis villages sont nombreux et les réminiscences historiques toujours présentes.
Mon séjour aussi bref qu’il ait été a donc valu le coup, oubliant les querelles politiques et les polémiques stériles. Ce pays passe de droite à gauche et vice versa en fonction des circonstances mais où on ne trouve nulle trace de l’extrême droite xénophobe !
Un pays qui vaut le déplacement !