Dans des temps immémoriaux, notre équipe municipale avait choisi pour slogan « faire de la mairie, une maison de verre » ; un de nos électeurs nous avait fait remarquer que nous venions d’échafauder la concept d’une prison sans murs car toute réflexion, tout débat, toute critique, tout recul seraient édulcorés par le risque de voyeurisme et son interprétation malsaine. La revendication actuelle de transparence me parait donc très sujette à caution et une discussion familiale me l’a confirmé. D’autant que l’irruption du média internet, avec son fleuve déferlant d’un obscurantisme délirant prenant sa source dans les eaux souterraines de la bêtise la plus profonde, charriant son flot ininterrompu de haine ordinaire et quotidienne la rend encore plus périlleuse. J’ai épuisé mon stock d’indignation et la pensée ne peut faire barrage à un tel défoulement, car ce dernier ne relève nullement du domaine de l’intelligence mais des vibrations telluriques de forces émanant du cerveau reptilien….. La transparence est, à mes yeux l’ennemie mortelle de la démocratie. Tous les régimes fascisants se sont réclamés de cette transparence qui passait même à travers les hommes. Big Brother définitif ferait bien l’affaire des forces de la droite la plus extrême allant sonder, au nom de la transparence, les cœurs et les consciences. La démocratie réclame le débat, débat contradictoire, elle englobe la possibilité de se tromper ; elle réclame le droit de réunion, le droit de se syndiquer, le droit d’élaborer des stratégies de pouvoir et d’opposition hors de l’exposition permanente, le droit
de manifester sans en référer au pouvoir en place, le droit à l’intimité de ses convictions philosophiques, religieuses et politiques, le droit à une sexualité individuelle et diverse ; la liste est loin d’être exhaustive ! Par contre, il n’y a pas de démocratie sans clarté ! clarté dans le programme, clarté dans l’exécution du programme, clarté dans les étapes de cette exécution, clarté dans l’exercice de ses fonctions politiques. Cette clarté doit s’accompagner d’une probité exemplaire, probité qui est elle-même une forme de clarté qui doit inonder les hommes politiques. Elle inclut le respect des autres et des promesses qui leur ont été faites. Elle exclut toute manipulation, toute diversion, toute embrouille, toute démagogie, tout favoritisme, toute manœuvre malhonnête ou partisane. La clarté doit éclairer l’exercice politique, elle doit permettre aux citoyens d’exercer leur droit de contrôle et de compréhension de la vie publique. Elle est inhérente à la démocratie ! Pour conclure la transparence est subie la clarté est volontaire ; elle jaillit du pacte républicain