Certains de mes amis politiques me reprochent mon changement de ton vis-à-vis de la Gauche socialisante, d’autan, me disent ils, qu’ils connaissent ma modération habituelle. Une réponse me vient spontanément à l’esprit : la conversion du parti socialiste et de son chef de fil à un libéralisme le plus archaïque me laisse un goût amer qui n’est pas près de s’atténuer. Je fais partie d’une famille dont l’appartenance à la gauche ne peut être mise cause, et ce, depuis des générations. Malgré la trahison du parti socialiste d’URSS et sa transformation en suppôt d’une des dictatures les plus sanglantes de l’histoire, nous avons conservé comme principes de vie les valeurs d’une gauche humaniste et fraternelle dont la justice sociale était la colonne vertébrale. Ce sont ces principes qui sont mis à mal par la conversion du président à un libéralisme dont les maîtres à penser sont à classer dans la lignée des plus rétrogrades. Je sais bien que la culture économique des français ne leur permet pas d’évaluer la portée d’une telle conversion. Mais il s’agit d’un vrai renversement des valeurs !
François Hollande s’appuie sur ce que les économistes appelle « la loi Say » qui énonce que tout ce qui est produit a vocation à être vendu et que tout ce qui est vendu donne droit à des revenus qui seront dépensés. Je voudrais rappeler que Jean Baptiste Say est un économiste qui a vécu de 1767 à 1832 et que sa théorie consiste à laisser faire le marché dont les mécanismes automatiques corrigeront les éventuelles distorsions. L’offre stimulant la demande la croissance en dépend. Certains économistes de la même époque, pourtant défenseur d’une orthodoxie libérale, avait critiqué cette position (Stuart Mill) ! Mais c’est John Maynard Keynes qui l’a mise le plus à mal en renversant totalement la théorie car il a affirmé au contraire que seule la demande pouvait stimuler la production et que la marché devait être régulé par les pouvoirs publics ! Nous avons vu à quelles extrémités le marché pouvait arriver lorsque l’on lui laissait la bride sur le cou et la crise des « SUBPRIMES » est trop récente pour être tombée dans l’oubli ! Le socialisme français avait une doctrine qui avait Keynes pour support et où la demande devrait être stimulée par l’augmentation des revenus. L’impérialisme de la mondialisation a rallié beaucoup d’esprits à un libéralisme débridé dont la capacité de conviction a été multipliée par tous les moyens de persuasion que leur grande capacité de financement rendait déterminants.
Le président de la république a vu sa digue de conviction rompue par de telles pressions. Cette conversion ne correspond nullement à mes convictions et mes propos et mes écrits sont là pour la condamner !